Ils en est arrivé de partout
de Patagonie et même de Castelnaudary
vombrissant
tels des anges sur leur scarabée moiré
ils avaient une boule d’ébène sur la tête
et donnaient des coups de pieds aux nuages
ils ont posé leur fatigue sur la dureté de la terre
essuyé leurs ailes mouillées
embrassé la barone rouge
échangé des bouquets de chlorophylle
Ils ont rangé leur âme et leurs souliers
dans des petites huttes de toile
ou dans des cubes de placo
pour pas que le ciel ne leur tombe sur les rêves
Ils ont marché dans la ville
menottes d’argent aux poignets
foulé les pierres dormantes des avenues
nettoyé les dents au nougat de St Cirq
et pissé dans l’eau bouillie du Lot
lls ont mangé la soupe au lait
le paté de cigales d’Ardèche
les endouillettes du Portugal
le beurre de Locronan
Ils ont bu le vin jaune du comte d’Imatra
la bière blanche de Meuse
ils se sont piqué le nez au bouquet d’Ayala
les garcons faisaint rouler leurs muscles sur les bras
les filles montraient leurs Michelanges
gravés dans des endroits secrets
et les Beatles chantaient
et les Beatles chantaient
un petit air qui colle au cœur et au corps
« It’s been a hard day’s night
and I’ve been working like a dog »
Puis la nuit est arrivée, feutre aux pieds
et pendant que la lune grignotait son biscuit de bitume
que les vers luisants mettaient une chandelle à la fenêtre
et que les filles rêvaient leurs rêves innaccessibles
dans la grande cathédrale cosmique
dans l’immence silence sidéral
on entendit un bruit infime, léger
comme un bruit de souris
comme un bourdonnement de Harley :
le ronflement des garcons d’EB