Ce matin, la température est nettement sous zéro. Bien au chaud dans
l’immense chambre moquettée, on ne s’était aperçu de rien.
Givre à la fenêtre, flaques gelées, il faut dire que Ruby’s Inn, l’ancien relais de diligence devenu un gros complexe touristique à l’entrée de Bryce Canyon, culmine à 2500m d’altitude.
Et même en mai, au cœur de l’immense plateau du Colorado balayé par le blizzard, la météo peut-être sibérienne. Surtout si la nuit a été exempte de nuages.
Et ce matin, c’est le cas.
Je descends préparer la moto, une Harley Davidson Electra Glide de
location toute neuve, pour attaquer les 400km qui nous séparent de
notre dernière étape, Las Vegas.
A peine à l’extérieur, le froid me saisit. La moto est recouverte de
givre, il me faut gratter la selle, les commandes et le tableau de bord…
Pas fier.
Ce matin, on s’harnache avec plus de soin que d’habitude, multipliant
les couches de vêtements, seul moyen de se protéger efficacement du
froid.
Quand je pense que, dans quelques heures, ce sera la fournaise biblique
du désert de Mojave…
Je descends les sacs et leur installation sur l’Electra ne prend que
quelques minutes, privilège de l’habitude.
Ça y est. Le moment du départ est venu. J’enfourche la moto, je
vérifie une dernière fois mon casque, j’ajuste mes gants.
Point mort, contact, run, start : les 1450cm3 du gros moteur s’ébrouent sans à-coup, rassurant.
Je le laisse monter en température une minute, redresse les 350kg
d’acier, rabat la béquille et Françoise s’installe à son tour, habillée
comme un cosmonaute…
Première enclenchée dans un gros clong viril et caractéristique,
nous partons, quittant avec regret Ruby’s, son steak-house et sa
piscine chauffée, slalomant sur l’immense parking labyrinthique au
milieu des pick-up et autres SUV rutilants, direction Zion National
Park.
L’US89 étant une route secondaire, aucun de ces gros camions ricains qui nous fascinaient tant au début de notre périple sur la Route 66 ne circulent.
Et de toute façon, en ce dimanche matin et à cette heure, il n’y a personne. Que le froid et les plaques de verglas traitresses, taches sombres sur l’asphalte, dont j’attends avec impatience la disparition avec la chaleur du soleil.
Les rares localités se succèdent, au fur et à mesure que le froid
s’immisce dans notre organisme. On rêve de café brûlant, de pan-cakes dégoulinants, aux bienfaitrices calories.
Mais aucun truck-stop, station-service ou bar ne nous tend les bras.
Et soudain, un village, un carrefour plutôt, des lumières, un néon « Open » dans la lumière rasante du lever de soleil, une enseigne, Tod’s Country Store et une invitation, Try Our Fresh Coffee…
C’est tout juste si la moto ne tourne pas toute seule vers le parking désert… Nous sentons déjà l’odeur du café !
l’immense chambre moquettée, on ne s’était aperçu de rien.
Givre à la fenêtre, flaques gelées, il faut dire que Ruby’s Inn, l’ancien relais de diligence devenu un gros complexe touristique à l’entrée de Bryce Canyon, culmine à 2500m d’altitude.
Et même en mai, au cœur de l’immense plateau du Colorado balayé par le blizzard, la météo peut-être sibérienne. Surtout si la nuit a été exempte de nuages.
Et ce matin, c’est le cas.
Je descends préparer la moto, une Harley Davidson Electra Glide de
location toute neuve, pour attaquer les 400km qui nous séparent de
notre dernière étape, Las Vegas.
A peine à l’extérieur, le froid me saisit. La moto est recouverte de
givre, il me faut gratter la selle, les commandes et le tableau de bord…
Pas fier.
Ce matin, on s’harnache avec plus de soin que d’habitude, multipliant
les couches de vêtements, seul moyen de se protéger efficacement du
froid.
Quand je pense que, dans quelques heures, ce sera la fournaise biblique
du désert de Mojave…
Je descends les sacs et leur installation sur l’Electra ne prend que
quelques minutes, privilège de l’habitude.
Ça y est. Le moment du départ est venu. J’enfourche la moto, je
vérifie une dernière fois mon casque, j’ajuste mes gants.
Point mort, contact, run, start : les 1450cm3 du gros moteur s’ébrouent sans à-coup, rassurant.
Je le laisse monter en température une minute, redresse les 350kg
d’acier, rabat la béquille et Françoise s’installe à son tour, habillée
comme un cosmonaute…
Première enclenchée dans un gros clong viril et caractéristique,
nous partons, quittant avec regret Ruby’s, son steak-house et sa
piscine chauffée, slalomant sur l’immense parking labyrinthique au
milieu des pick-up et autres SUV rutilants, direction Zion National
Park.
L’US89 étant une route secondaire, aucun de ces gros camions ricains qui nous fascinaient tant au début de notre périple sur la Route 66 ne circulent.
Et de toute façon, en ce dimanche matin et à cette heure, il n’y a personne. Que le froid et les plaques de verglas traitresses, taches sombres sur l’asphalte, dont j’attends avec impatience la disparition avec la chaleur du soleil.
Les rares localités se succèdent, au fur et à mesure que le froid
s’immisce dans notre organisme. On rêve de café brûlant, de pan-cakes dégoulinants, aux bienfaitrices calories.
Mais aucun truck-stop, station-service ou bar ne nous tend les bras.
Et soudain, un village, un carrefour plutôt, des lumières, un néon « Open » dans la lumière rasante du lever de soleil, une enseigne, Tod’s Country Store et une invitation, Try Our Fresh Coffee…
C’est tout juste si la moto ne tourne pas toute seule vers le parking désert… Nous sentons déjà l’odeur du café !