Bernardo et Lulu au pays de Don Quichotte...

Ayant pour projet de repartir au Maroc tâter de la piste, pour les vacances de Toussaint, nous avons cet hiver commencé à anticiper la chose… Primo, se retrouver des montures aptes au périple ; ce sera un 650 Dr pour Bernardo et 450 wrf pour moi, que nous irons récupérer sur une journée à l’aide d’une remorque, au cours de laquelle nous effectuerons plus de 700 kms !
Mais l’échéance Marocaine étant encore lointaine et commençant à ressentir quelques fourmis au niveau des tétines (des motos bien entendu  ) je pars à la recherche d’un plan tout terrain en guise de répétition générale, qui permettrait de mettre au point hommes et machines. Après avoir fouillé sur le net, je trouve un périple de 750 km à réaliser sur les pistes ibériques en 4/5 jours. Intéressant… J’en parle à Bernardo, toujours partant, toujours vaillant et on se cale ça, juste le temps de préparer un peu sa bécane, pneus TT, vidange et autres bricoles…
Nous partirons le 13/08 dans l’après midi, pour relier Ainsa, départ de la 1ére étape. Bernardo arrive à la maison vers 15h30, nous faisons un petit point rapide puis direction la station, plein des machines et pression des pneus. Cela s’avérera nécessaire, puisque sur le WRF je suis à moins de 1kg à l’avant et à l’arrière ! Confortable en TT certes, mais un peu « déstabilisant » sur route !   Et nous voilà partis… Bernardo a opté pour une sacoche de réservoir fixée avec des tendeurs sur son porte paquet, quant à moi j’ai investi dans des sacoches cavalières en solde, d’un magnifique jaune fluo à faire pâlir d’envie un signaleur des ASF  . Vu la taille minimaliste de la sacoche de Bernardo, je me demande s’il n’a pas fait lyophiliser ses affaires, afin qu’elles puissent y prendre place ! Le bougre doit virer décroissant me dis-je, mais en fait, aura visé juste et ne manquera de rien ; savoir aller à l’essentiel, tout le secret est là ! Donc direction le gros caillou, pour passer coté espagnol. On emprunte la route vers la Hourquette d’Ancizans, petit col assez sauvage fréquenté le plus souvent d’humanis pédalus, de vaches, moutons et de quelques citadins en quête de lieux sauvages. Au fur et à mesure que nous approchons du sommet, le temps se couvre, petite bruine et brouillard, rendant le tracé de la route incertain et d’où émergent de temps à autre quelques bovidés ou leurs déjections, qui ont fâcheusement tendance à réduire le coefficient de grip de nos pneus à crampons  . Au sommet nous nous arrêtons prendre une photo et surtout enfiler une polaire ; que le décroissant extirpe de sa sacoche sous mes yeux incrédules.

On repart, direction Saint Lary, puis ascension vers le tunnel de Bielsa ( avec une dédicace spéciale pour Isabeau  ) où nous attendons 10 min que le feu qui autorise son franchissement en mode alterné, nous soit favorable. Nous débouchons au pays de la paella et sommes accueillis par le beau temps, quel bonheur, cela sonne comme le début de l’aventure. Nous entamons la descente vers Ainsa et la température augmente, comme si l’on ouvrait à mesure la porte d’un four géant, d’où exhalerait des senteurs de garrigue en accord avec la végétation qui se fait de plus en plus aride.
A Ainsa, nous trouvons assez facilement l’hôtel placé au milieu de la vieille cité, à 2 pas de sa magnifique place, le top ! On dépose tout notre barda, plutôt impatient de retirer nos tenues de tortues ninja qui outre nous protéger, nous tiennent surtout très chaud ! L’hôtel possède un parking souterrain pour garer les motos, on ne pouvait espérer mieux. Puis direction la basse ville, boire un verre avec Domi, une copine venue pratiquer pendant quelques jours de la rando dans le secteur. Nous remontons ensuite, repassons à l’hôtel et il est enfin l’heure d’aller dîner. Nous revêtons nos tenues de soirée, shorts, tee-shirt et baskets et nous dirigeons vers un resto que j’ai déjà pratiqué avec miss Delph’ et dont nous gardons un souvenir savoureux. Le repas est assez gargantuesque, du moins à notre modeste niveau (nous n’avons la prétention d’égaler certains membres imminents de ce forum… non pas de nom  ) assortiment de tapas, joues de porc confites, et postres ; le tout bien arrosé aussi puisqu’on se tombe un ¾ de rouge espagnol et là ça vaut bien 1 litre de français, plus une liqueur offerte par le patron ! Vite au lit, demain les affaires sérieuses commencent…


Bientôt la suite...

bon voyage les petits,

On est rentré Katchou  , mais je ne voulais pas tout écrire d'une seule traite, trop long   

à bon!!! bon retour:rire02: 

la suite, la suite

Viiiii !!!

De l'aventure ...  

Jour 2
La nuit fut bonne, bien qu’un peu chaude… euh je parle de la température bien sûr !!! On descend donc déjeuner, on récupère les bécanes et on s’harnache avant de partir. Ce n’est pas rien entre les bottes et les diverses protections, ils nous tardent de rouler pour avoir moins chaud. A peine sortis d’Ainsa et nous voilà arrêtés, souci avec mon GPS, qui n’indiquent pas la trace ! On trafique dans les différents menus de l’engin car on sent bien que cela ne tient qu’à un fil pour que cela fonctionne ; mais rien n’y fait ! En désespoir de cause, nous l’éteignons puis le rallumons et là miracle ça fonctionne ! Trop content, on ne cherche pas trop à comprendre et on trace la route. On commence à monter vers la montagne sur des routes de plus en plus étroites et dont le revêtement est de plus en plus dégradé ; on croise un tracteur qui visiblement se croit seul, p’tite frayeur et en plus le monsieur n’a pas l’air ravi ! Puis au détour d’un virage, nous attaquons enfin la piste et pour un début on attaque fort, caillasses, ornières et piste bien défoncée. On aurait bien aimé une entame en matière un peu plus « progressive ». J’ouvre la piste et dans un petit raidillon se présente une marche assez impressionnante, je ne calcule pas trop et puis d’ailleurs pas vraiment le choix ; je dose entre un savant mélange de coups de gaz tout en essayant de délester l’avant de la moto et ça passe, ouf. Bernardo arrive à son tour mais hésite un peu et reste planté au milieu de la marche… faut dire que c’est sa première sortie TT avec sa bécane. Je béquille la mienne et vient à son aide pour le sortir de ce mauvais pas. Après quelques kilomètres, devant nous trois 4x4  roulent au pas dans une descente assez cassante. Sympas les gars s’écartent pour nous laisser passer. Puis un peu plus loin se profile le 1er gué de l’aventure et il y en aura d’autres !!! On s’arrête devant, on observe, puis on se lance pour le franchir sans problème ; trop facile le franchissement de gué. On continue ainsi la piste dont l’état s’améliore et dont le revêtement oscille entre terre et cailloux. Quelques arrêts pour ouvrir des barrières, que nous prenons le soin de refermer derrière nous. La manœuvre s’avère parfois un peu galère puisque pour un nain comme moi, la hauteur de selle du WRF est un peu handicapante, même si comme disait Coluche « la bonne longueur pour les jambes, c’est lorsque les pieds touchent par terre » ici en l’occurrence c’est loin d’être toujours le cas !



On retrouve ensuite la route, que l’on va emprunter pendant pas mal de kilomètres mais ça virevolte dans tous les sens et le tout dans un cadre enchanteur. Les portions de pistes et de routes vont ainsi s’enchaîner jusqu’à la pause méridienne que l’on effectue dans une station ; on effectue le plein des bécanes et nous en profitons pour nous restaurer, à base de bocadillos. Petite satisfaction les motos fonctionnent bien et sont de surcroît assez sobres, mois de 5 litres au cent ; faut dire qu’on enroule davantage qu’on arsouille.



On repart, il est 14 heures passé et la climatisation de la station laisse place à une température assez étouffante, mais en roulant ça passe. Sauf qu’en l’occurrence, on va se mettre à jardiner sévère quelques kilomètres après ! La trace se perd et on a un mal de chien à la retrouver, jusqu’à ce que l’on comprenne que suite à la construction d’une nouvelle route, il faut suivre l’ancienne qui est parallèle à la trace !
Nous reprenons une portion goudronnée et un peu plus tard au moment de reprendre la piste un panneau en interdit l’accès… on décide de trouver une alternative, on essaye d’un coté mais nada, puis on trouve l’entrée d’une nouvelle piste qui est, elle aussi interdite ! Finalement, on décide d’emprunter la trace du GPS et d’emprunter la piste interdite, tant pis… Là on commence à entamer une montée assez cassante, bourrée de cailloux et d’épingles pas simples à négocier. On  se fait bien secouer et de toute évidence, nous sommes trop gonflés pour ce genre de terrain ; mais dégonflé reste assez aléatoire puisque on ne sait pas combien va durer la portion caillassée. Tant pis on assume et on saute dans tous les sens, au moins on ne pincera pas ! Vient ensuite une portion assez mémorable : le GPS nous indique dans une épingle de prendre tout droit. Devant nous un bon gros raidard, parsemé de gros pavés et de larges ornières. On s’arrête puis on fait demi tour pour prendre de l’élan ; la première portion se franchit sans embûche, sauf que nous ne sommes pas au bout de nos peines ! Un petit replat, je m’arrête, Bernardo arrive et devant se présente une portion encore plus raide, pas loin des 20%, avec autant de cailloux et des ornières encore plus profondes. J’analyse le truc et de toute évidence il faut passer sur la gauche, sauf que ça c’est la théorie ! Bien évidemment, je n’arrive pas à garder la moto sur la trajectoire et je me tanque dans l’ornière et m’arrête. Je ne sais pas comment j’arrive à  m’en sortir et continue sur ma lancée, trop content de réussir à monter, jusqu’au sommet 300m plus haut. Là j’attends Bernardo, mais il n’arrive pas… je décide donc de redescendre, mais à pied et là mon compère s’est aussi planté dans l’ornière ! Sauf qu’un DR ce n’est pas un WRF et la bécane patine et ne veut rien savoir ! On décide donc que le mieux c’est qu’il reparte du replat un peu plus bas et cette fois ci sa passe enfin, ouf ! Me reste plus qu’à tout remonter à pinces, l’horreur…



Arrivés en haut, la piste est en terre et donne au final sur un point de vue extraordinaire sur les Mayos de Riglos, paysage féerique au dessus duquel tournoient des dizaines de vautours (du moins je pense, vu la taille des bestiaux !).






Nous repartons et la piste faite de petites pierres roulantes nous ramène vers la vallée. Comme nous prenons un peu confiance, on commence à tartiner un peu plus, faut juste faire gaffe de ne pas sortir des traces… Ce qui m’arrive au demeurant et là à la sortie d’un virage que je prends avec un optimisme débordant ; au propre comme au figuré puisque je sors un peu large. Là je frôle la correctionnelle avec un tout droit à la limite du précipice… fait chaud sous le casque, les amis !
Petit détour par le splendide château de Loarré puis arrivée finale à l’hôtel situé à Agüero.


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Plutôt rustique l’hôtel mais une piscine est à notre disposition, même si on se demande si c’est vraiment celle de l’hôtel, et puis le patron est sympa. On se met à l’aise, on fait notre lessive car on a mariné sévère. Puis comme des gueux, on étend nos fringues un peu partout, sur le balcon et dans les arbres alentours. Enfin on va piquer une tête à la piscaille, p….. que c’est appréciable après les presque 300 bornes que l’on s’est enquillé. Ensuite, nous descendons au village où a lieu la fête patronale et éclusons quelques cervesas au tarif et à la fraîcheur imbattables. Puis retour à l’hôtel et dîner vers 21h30, Espagne oblige. Enfin, éreintés on va se pieuter en espérant passer une bonne nuit… Sauf qu’à 3h30 du mat’, la sono crache ses watts et annonce l’ouverture du bal ! Vraiment décalés ces espagnols… et la plaisanterie durera jusqu’à 7h30, mais on est tellement décalqués que l’on se rendormira !  


]

j'espére que vous avez été sage sur ces pistes de loaré et de aguero car ce sont mes terrains de jeux en quad.....

et le beau village avec ses mallos

Tu nous connais Lucio, bien sûr qu'on a été très sage.
Une petite vidéo pour te le prouver



Juste une petite dizaine de cailloux déplacés....

A ciao
Bernardo

  

Et ton passage, Bernardo ?

un régal ces rios comme je vous comprends:Haarg1:

DidBoum a écrit:  

Et ton passage, Bernardo ?

Je ne fais que du spectacle en "live" sans caméra, dommage pour vous car c'était grandiose, un festival de sauts de cabri, de pieds posés, de récupérations in-extrémis, j'en passe et des meilleures...
Mais la question n'a toujours pas été élucidée : qui du pilote, de la moto ou de la nature était maître de la situation ?

profitez en ...  
mais vous êtes quand même un peu cinglé !!! 

Merci pour ces récits vivants et bravo pour la performance.
Réflexion personnelle au vu de la vidéo: dans les sacoches, il vaut mieux de l'Orangina que des bières...

Pour les cocktails, je te dis pas c'était le top du top..... jusqu'à ce que les coutures du fond des sacoches ne rendent l'âme.

Ouais, ensuite ça a faillit virer petit Poucet  
Les fabricants de sacoches peuvent nous embaucher comme testeurs : là où Bernardo et Lulu passent les sacoches trépassent !

Jour 3
On se lève, un peu fourbu, le tout terrain ça secoue son homme… On s’empare de tout notre fourbi et on descend desajunar. On paye la note qu’au demeurant on trouve un peu salée surtout concernant les prestations de la piole, mais pas au point d’entamer notre bonne humeur face à la perspective d’une nouvelle journée qu’on imagine riche en découvertes et paysages majestueux. On graisse les chaînes, qui en ont bien besoin et on fait un petit check des motos. Mon pneu arrière qui était un peu fatigué commence à faire salement la tronche ! Et même celui de Bernardo qui était neuf a vu son capital tétines en forte érosion.
C’est parti, on descend des sommets d’Agüero où était situé notre hôtel et on attaque la trace GPS. Surprise, on devait commencer par quelques kilomètres de bitume et voilà qu’après 500 m on entame une belle piste roulante… bof, pas grave, elle est tellement sympa que cela nous pose pas question, plus que ça. J’ouvre la piste, on double des VTTistes de Pau, on coupe les gaz « salut les gars… » et on continue. Au bout de quelques kilomètres, étonnement, la trace a disparu de l’écran de mon GPS ?! Bizarre… Je laisse passer Bernado, mais un peu plus loin ce dernier s’arrête son GPS joue à son tour des siennes ! Allez, on s’arrête pour de bon, un peu contrariés mais bien conscients que sans nos précieux guides électroniques, il va devenir bien difficile d’aller plus loin. Pour le GPS de Bernardo, le souci est vite réglé, les piles sont out, nous les changeons. Pour le mien, c’est plus problématique on trifouille de nouveau dans les différents menus mais rien à faire la trace reste toujours invisible… Un peu vénères et plutôt enclins à tailler la piste qu’à bidouiller dans le dédale des menus, d’autant plus qu’il commence à faire calliente, on décide que Bernardo ouvrira la trace et on résoudra le souci lors de la pause casse-croûte du midi. Bernardo qui est plein de ressources remettra tout ça en ordre, ça ne fait aucun doute ! On repart, la piste est superbe bien roulante, les paysages grandioses, ici une chapelle au milieu de nulle part, un peu plus loin au détour d’un virage, au dessus d’un éperon rocheux des vautours profitent des ascendances et tournoient dans les airs…






c’est top, qui a dit que l’enduro était un sport de sauvage ! Disons, pas au rythme où nous le pratiquons. Nous entamons une longue descente et arrivés en bas, un carrefour se présente à nous… Bernardo, l’ouvreur du jour, hésite et emprunte la plus « pourrie » des pistes ! Je me dis « ce n’est pas possible, il doit se planter, je vais attendre qu’il fasse demi-tour et que guidé par la voix de la raison, il revienne à moi… » Que nenni, c’est bien par là qu’il faut passer ! Le chemin est très étroit parsemé de gros pavés et de copieuses ornières, ce qui s’explique par le fait que nous longeons un torrent et que d’ailleurs nous allons le longer pendant un moment et le traverser dans tous les sens, mais ça on ne le sait pas encore, bien que l’on va vite s’en apercevoir… quelques hectomètres plus loin, en effet un premier gué, pas très difficile en soi, mais l’approche est gavée de galets ; pas le top pour prendre un peu d’élan, d’autant plus qu’il faut couper le cours d’eau en légère diagonale et qu’à la sortie une marche respectable est à franchir pour sortir de son lit, voilà, voilà… De toute façon pas vraiment le choix. Bernardo se lance et t’avale ça en 2 temps 3 mouvements. L’avantage de passer en second c’est de voir où tu peux passer et où il vaut mieux éviter de passer par contre l’inconvénient de passer en second c’est de voir vraiment ce qu’il t’attend, de voir la bécane de Bernardo qui saute de cailloux en cailloux dans d’improbables embardées plus ou moins contrôlées. P…., je ne suis pas fier car les passages trialisants, avec les pieds qui ne touchent pas le sol, c’est pas vraiment ma tasse de thé ! Allez de toute façon, faut y aller… et, et, et ça passe, ouf ! Un peu plus loin Bernardo m’attend, on repart et quelques centaines de mètres plus loin de nouveau un gué, celui-ci est moins technique, ça passe sans difficulté majeure. Le suivant est plus coton, Bernardo traverse, atteint la rive opposée et vient se « tanquer » sur des gros rochers, il s’en sort en restant en selle et en poussant avec les pieds, même si la dernière marche est un peu plus coton. J’observe la scène et je me dis que si j’emprunte la même trajectoire, ça ne va pas le faire, à moins de mettre des bottes de cross à talons expansés, modèle assez peu fréquent sous nos latitudes ! J’opte pour une trajectoire un peu plus en diagonale dans le torrent pour ensuite repiquer vers la berge, attaquer le petit champ de cailloux et la dernière marche avec un peu d’élan… Ah que c’est beau la théorie ! Je me lance, diagonale nickel, changement de direction beaucoup moins nickel, l’arrière ripe, je tape un galet avec la roue avant… tout le monde descend, je mets un pied au sol, enfin dans l’eau quoi, sauf que le pied descend, descend et quand il touche enfin le sol, la moto a pris trop de gîte et m’embarque gentiment à la baille. Je saisis donc l’option la plus lâche, je saute de la bécane, la laissant à son triste sort. J’en suis pour la relever et finir de rallier la rive en la poussant ! Petit break avec l’ami Bernardo, on se bidonne, c’est rigolo la moto d’enduro, ha ha ha. Allez, on repart, c’était bien les gués ; « Dis-moi Bernardo, on dirait que la trace nous ramène encore vers le torrent ? » « Euh, tu crois ? Ah oui… » Et comment !!! Le cours d’eau décrit des S. Nouveau gué et hop avalé sans coup férir, on maîtrise, on maîtrise ! On longe la berge et là nouvelle traversée, Bernardo se lance, sauf qu’à la sortie une belle marche s’interpose, il passe l’obstacle s’arrête en haut, dans un équilibre précaire à la vue du pierrier qui se trouve derrière, mais il ne peut retenir le DR qui se couche sur le flanc. Je béquille, traverse le torrent (m’en fout j’ai déjà les pieds qui baignent) vient à sa rescousse, on remet la moto sur roues et on reste un peu dubitatif devant le champ de galets qui l’attend… Bernardo me conseille de suivre plutôt le cours du torrent et de ressortir plus haut. Quant à lui, il reste le pierrier à traverser. Je reviens vers la moto, scrute le torrent, le fond est farci de bons gros galets bien glissants et parfois le niveau est assez profond… je ne me sens pas du tout de passer par là, mais alors vraiment pas ! Tant pis, j’emprunte la voie Bernardo. Et hop je franchis le gué, ça c’est fait ; puis je m’arrête avant de m’attaquer au pierrier. Là, pas vraiment le choix faut que je passe sur la moto, sinon je vais me viander, allez Lulu en avant. En plus Bernardo filme, pas le moment de se vautrer, si je ne veux pas me faire charrier pendant les 75 ans à venir ! Heureusement, avant de partir j’avais regardé une vidéo de Peterhansel sur You Tube, qui expliquait comment qu’y faut faire pour traverser ce genre de difficultés… C’est parti et ça passe, ouf ! Arrivé au bout, je suis essoufflé, un truc de dingue, ça paraît pas comme ça, mais c’est hyper physique !



C’est moi le nouveau Peterhansel, I’m the best. Petite pause, on commente le passage et on repart. 100m plus loin, une ridicule flaque d’une dizaine de mètres de long ; Bernardo s’engage et là je le vois s’enfoncer, s’enfoncer et me demande quand est-ce qu’il va s’arrêter de descendre, si ça continue va lui falloir un périscope ! Cette flaque est sans fond, dans les 70 cm de profondeur ! Il ressort enfin de l’autre côté mais  juste, juste. Je m’engage à mon tour sans appréhension, surtout quand on s’appelle Peterhansel, on va passer sur un filet de gaz, un peu de couple et le tour sera joué. Sauf qu’à 2 mètres du bout, au moment de remonter je sens la roue arrière patiner gentiment because que j’ai plus beaucoup de crampons sur le pneu, la moto se met imparablement en crabe et je me vautre de tout mon long dans la flaque. Vite, couper le moteur pour ne pas la noyer, au sens propre du terme ! Je la relève et après quelques coups de démarreur la bestiole redémarre, gros soulagement ! Et ainsi voilà comment du statut de Peterhansel je me suis irrémédiablement transformé en Piètre en selle… Et c’est reparti, tiens encore un gué… Bernardo passe ; vache il est profond celui-là aussi, et la remontée est pentue ! Bernardo a pris sur la gauche, je décide de la passer à droite, ce sera peut-être mieux… ben non ce n’est pas mieux, tant et si bien que je cale à la sortie et que la moto se couche à nouveau. P…. je commence à fulminer, je trouve que le coefficient gamelle/ km parcouru commence à être un peu élevé ! La moto rechigne à redémarrer, mais finalement elle repart.
La suite du parcours se déroulera sur de belle pistes assez roulante, jusqu’à ce que l’on retrouve le goudron et que l’on s’arrête faire le plein. Bernardo est penché sur son GPS et trouve que quelque chose cloche… On vient de comprendre notre erreur, au lieu de partir sur l’étape 2, on a pris une variante qui était en mémoire sur les GPS. C’est pour cela que j’avais perdu la trace puisque je n’avais sélectionné que l’étape 2 alors que Bernardo avait toutes les traces en cumulé sélectionnés ! Bref, on fait un point rapide avec la carte et on décide de reprendre la trace en ralliant Sos Del Rey Catolico puis ensuite Uncastillo, soit une liaison sur route d’une soixantaine de km. Au passage, on s’arrête manger à Sos Del Rey et finalement on ne regrette vraiment pas de s’être trompé car le tracé de la matinée fut assez magique ; ah providence…
Après la pause déjeuner, on enfourche les motos et on redescend vers Uncastillo par une route « virageuse » à souhait ; une constatation s’impose les pneus à crampons ne sont plus un problème tant on prend de l’angle, c’est dingue le grip que ça peut avoir ! On arrive à la porte du désert des Bardenas, il fait une chaleur étouffante. Nous empruntons la piste qui contourne le désert, l’intérieur étant interdit à tout véhicule motorisé, et regrettons un peu d’avoir fait le détour… La piste est dénuée d’intérêt, sans difficulté, il n’est pas rare que le compteur affiche plus de 100 km/h. Les paysages eux, restent uniques, mais ayant tous deux, déjà sillonnés les lieux, nous n’apprécions peut-être pas le spectacle à sa juste valeur.




Nous remontons vers Carcastillo par une piste sans grande difficulté ; nous y faisons une pause et abreuvons les machines et les pilotes. La piste que nous empruntons alors devient plus ludique, un peu de cailloux et beaucoup de terre, ce qui signifie aussi accessoirement beaucoup de poussière. Nous devons laisser assez de distance entre nous pour ne pas en « manger » trop. Nous procédons à quelques arrêts pour s’assurer que l’on se suit toujours et à l’occasion de l’un d’eux, j’en profite pour ficeler mes sacoches cavalières qui déjà au départ ce matin, accusaient quelques signes de fatigue et dont les passages dans les pierriers auront eu raison.



Au bout d’une heure, on quitte la piste et on arrive dans un village où nous avons quelques difficultés à faire la transition avec la portion de piste suivante, il commence à se faire un peu tard et les organismes sont marqués. Depuis ce matin, une très grande proportion de chemins a entamé nos réserves, pourtant nous ne sommes pas au bout de nos peines ! Nous entamons après quelques kilomètres une piste comme nous les aimons : caillasses ornières et épingles sauf qu’en plus viennent s’ajouter des herbes hautes, pas vraiment le top pour savoir où placer ses roues. Nous suivons une ligne de crêtes parsemées de quelques raidillons bien coton. Soudain la piste oblique vers la droite et plonge littéralement, il faut négocier le virage au ralenti et surtout ne pas aller se planter dans les grosses ornières qui en barrent l’accès ! Le genre de passage où si tu te manques, tu ne vas pas tomber bien vite  mais tu risques de faire un beau rouler bouler et bien galérer pour repartir… bref, ça passe, sauf que la descente qui s’en suit doit se faire au creux d’une ornière réalisée par quelques 4x4 mais dont le fond est toujours masqué par les herbes hautes… pourvu qu’il n’y ait pas un gros pavé qui traîne au fond. On porte le regard assez loin pour garder une trajectoire la plus rectiligne possible sans venir chatouiller les bords de l’ornière. Nous arrivons en bas tous deux sans encombre et sur nos roues ! Au passage j’ai pu apercevoir un énorme lézard vert filant à toute blinde dans l’ornière voisine, puis une compagnie de perdreaux qui rechignera à prendre son envol après avoir galopé un moment devant mes roues. Il commence à se faire tard, le soleil plonge le paysage dans des teintes mordorées et nous traversons un champ d’éoliennes, moulin à vent des temps modernes.



Après avoir traversé une portion de piste tapie de pierre calcaire qui roulent sous nos pneus trop gonflés, nous arrivons près d’une route ou autopista, que la trace nous indique de prendre ; mais pas vraiment moyen d’y accéder. Alors nous longeons cette route à travers une piste forestière, d’abord un peu piégeuse puis franchement roulante. Nous rejoignons enfin la route et après avoir demandé notre chemin à quelques locaux, dans un espagnol toujours aussi approximatif nous rejoignons enfin Yesa, fin de l’étape. Il est 20h30 et nous sommes partis depuis 9h15 ce matin en ayant accompli près de 320km, ça calme. On déniche une auberge de jeunesse, quasi déserte où on nous attribue une dortoir de 12 rien que pour nous 2 ; on devrait y contenir. La patronne nous propose de stocker les motos dans la cave en nous expliquant que ça risque d’être un peu sportif, étant donné qu’il y a quelques marches à descendre !!! Nous déclinons l’offre nous avons atteint notre quota de figures imposées pour aujourd’hui. Elles seront très bien dans la ruelle attenante qui est en fait, une impasse.
Nous commençons notre rituel journalier, lessive méthode lavandière, douche et « affalage » sur les lits en attendant l’heure de la soupe. Un repas copieux, pas des plus gastronomiques mais tout à fait indiqué pour régénérer les stocks, puis un petit refrescos en ville et enfin direction les bras de Morphée dans lesquels Bernardo s’engouffrera dans un temps record !

c'est ça l'aragon magnifique, accueillant et convivial ;Vous vous êtes régalés et toujours aussi beau les abords des bardenas
en revanche a CARCASTILLO il y a un resto qui vaut le détour
merçi pour le reportage ,je me régale:Haarg1: 

Ce Lulu, quel écrivain, Pagnol doit être jaloux dans sa tombe  
Le Père Lucio en a la larme à l'oeil de le lire, il parle si bien de ses paysages familiers.


Au fait Lucio, depuis qu'on en parle, on pourrait s'y faire une virée quads and motobylettes.

Ah ben ouais et je suis même prêt dans mon immense mansuétude à échanger ma moto contre un quad... pour le passage des gués seulement  

bernardo a écrit:Ce Lulu, quel écrivain, Pagnol doit être jaloux dans sa tombe  
Le Père Lucio en a la larme à l'oeil de le lire, il parle si bien de ses paysages familiers.


Au fait Lucio, depuis qu'on en parle, on pourrait s'y faire une virée quads and motobylettes.

c'est toujours quand tu veux mais la piste ou je vais t'emmener n'est pas sur gps

Lulu a écrit:Ah ben ouais et je suis même prêt dans mon immense mansuétude à échanger ma moto contre un quad... pour le passage des gués seulement  

j'ai fait a une autre époque beaucoup de trail avec une ktm 250 et maïco 500
sortie de là pour moi le reste est un peu mobilette:rir2:
mais c'est sur que sur un quad  il te faudra beaucoup plus d'anticipation qu'une mobi si tu veux revenir entier
je t'enmene quand tu veux  sachant que tous les potos emmenés se sont pris une belle envolée comme disent nos cousins canadiens
en revanche ils ont tous été enchantés
alors les copains c'est avec grand plaisir que je vous guiderez dans un petit baroud de ma connaissance
en quad bien entendu:;): 
au fait cela doit faire deux ans que l'on en parle ,n'attendez pas mes 70 bergolles pour vous manifester:rire02:

Voilà une superbe virée qui fait bien envie !

C'est un régal la lecture de vos aventures (avec les photos qui vont bien !).

Merci à notre Pagnol - biker - enduriste pour cet excellent article !

moi ça me laisse admirative !!!
mais même en quad, je ne ferais pas ...

je plains vos vertèbres, mais aussi vos pneus, vos sacoches ...

Pas la peine d'acheter des bouquins... Essayez de faire un voyage un peu plus long la prochaine fois