Ah, tu étais sûre de ta réussite lorsque tu trépignais dans la vitrine du concessionnaire d'Albuquerque ! Ta couleur de fraise, tes chromes provocateurs et ta taille généreuse rendaient jalouses les berlines tristounettes vouées aux fonctionnaires taciturnes et aux représentants pressés. Et lorsque la star t'a promenée sur les boulevards de Vegas, ta vanité éclaboussait les petits joueurs s’agglutinant sur le trottoir. Tu crânais alors, et pour toi, c'était ta destinée...
Et puis un jour, tu t'es retrouvée là, sans comprendre, entre une Ford Anglia muette depuis 15 ans et un vieux Dodge rouillé, trop aveugle pour te calculer. Ce n'était pas comme d'habitude, au garage, quand des hommes en bleus de chauffe et aux mains expertes, te fouillaient les entrailles pour quelques nécessaires remises à niveau. Un appel de phare à la Porsche d'en face, un coup de klaxon à la Viper... entre copines vous vous retrouviez souvent ici. Non, là... personne, des vieux, des vieilles, qu'est-ce que tu fais là, au milieu des feuilles mortes, sans un éclairage pour les nuits froides, sans un abri contre les pluies acides, zut, je n'ai pas mis ma crème...
Et puis tu t'es habituée à l'ennui... tu as moins prêté attention aux petites taches brunes qui t'inquiétaient tant lorsque tu les as découvertes au bas de tes portières un matin de mars particulièrement humide et froid.
Ta fierté, tu l'as perdue en cette nuit du 15 avril quand des inconnus malhabiles t'ont ouvert le capot sans égard, dérobé quelques unes de tes pièces arrachées par des mains aussi fébriles qu'indécentes, démonté les roues en te mettant sur cales sans attention aucune pour ton bas de caisse... quand tu as compris qu'aucun secours ne viendrait jamais et qu'ils t'ont laissée le capot entrouvert, les fils à nu, les essieux à l'air.
Alors tu as compris que ta vie était finie, que tu finirais ici de perdre ton vernis, ta peinture, tes cuirs, tes chromes, après avoir connu la désillusion et la déchéance.
Oh certes, de temps en temps, il t'arrive de voir arriver des jeunes gens, bardés d'appareils photos, qui trouvent intérêt à te photographier, qui te reluquent la malle arrière et le pare choc. Alors, l'espace d'un instant, ce qui te reste de fierté remonte du plus profond de tes vieilles durites et tu te sens honteuse des années écoulées, humiliée des regards attendris portés sur toi, la reine de Vegas.
Qu'on m'emporte ! Qu'on m'emmène à la presse puisque c'est là que tout doit finir ! Qu'on m'emporte mais qu'on n’oublie pas ce que j’étais !
Et puis un jour, tu t'es retrouvée là, sans comprendre, entre une Ford Anglia muette depuis 15 ans et un vieux Dodge rouillé, trop aveugle pour te calculer. Ce n'était pas comme d'habitude, au garage, quand des hommes en bleus de chauffe et aux mains expertes, te fouillaient les entrailles pour quelques nécessaires remises à niveau. Un appel de phare à la Porsche d'en face, un coup de klaxon à la Viper... entre copines vous vous retrouviez souvent ici. Non, là... personne, des vieux, des vieilles, qu'est-ce que tu fais là, au milieu des feuilles mortes, sans un éclairage pour les nuits froides, sans un abri contre les pluies acides, zut, je n'ai pas mis ma crème...
Et puis tu t'es habituée à l'ennui... tu as moins prêté attention aux petites taches brunes qui t'inquiétaient tant lorsque tu les as découvertes au bas de tes portières un matin de mars particulièrement humide et froid.
Ta fierté, tu l'as perdue en cette nuit du 15 avril quand des inconnus malhabiles t'ont ouvert le capot sans égard, dérobé quelques unes de tes pièces arrachées par des mains aussi fébriles qu'indécentes, démonté les roues en te mettant sur cales sans attention aucune pour ton bas de caisse... quand tu as compris qu'aucun secours ne viendrait jamais et qu'ils t'ont laissée le capot entrouvert, les fils à nu, les essieux à l'air.
Alors tu as compris que ta vie était finie, que tu finirais ici de perdre ton vernis, ta peinture, tes cuirs, tes chromes, après avoir connu la désillusion et la déchéance.
Oh certes, de temps en temps, il t'arrive de voir arriver des jeunes gens, bardés d'appareils photos, qui trouvent intérêt à te photographier, qui te reluquent la malle arrière et le pare choc. Alors, l'espace d'un instant, ce qui te reste de fierté remonte du plus profond de tes vieilles durites et tu te sens honteuse des années écoulées, humiliée des regards attendris portés sur toi, la reine de Vegas.
Qu'on m'emporte ! Qu'on m'emmène à la presse puisque c'est là que tout doit finir ! Qu'on m'emporte mais qu'on n’oublie pas ce que j’étais !
. On oublit trop vite nos vieux !.........
merci pour cette parenthèse de rêve 
