Part 5
Il ne faudrait pas croire que toutes ces machines me tombaient dans les bras comme par miracle, à l’image de cette Norton, ou bien, que j’étais privilégié, avec des parents derrière moi qui alimentaient mon compte en banque. Surtout pas.
C’est peut ètre compliqué à comprendre pour les plus jeunes d’entre nous, mais tout simplement, j’était présent à la bonne époque aidé, par un concour de circonstances.
La guerre oubliée, s’en suivit une période de vaches maigres et de reconstruction qui perdurera jusque dans les années soixante. La voiture n’etait plus, ou pas, ou du moins très peu à l’honneur. Par contre les motos ont dépannées les ménages francais jusqu’a leur déclin avec l’apparition sur le marché de voitures assès peu gourmandes, Dauphines, R 8, R 4, 204, 404, Simca 1000 etc etc…avec des assurances adaptées, à contrario de celle des motos, considerées comme dangereuses.
De plus la situation économique s’améliorant, l’arrivée début de la période 70, des multicylindres japonnais vont en hypnotiser pas mal.
Tout ca entrainera la disparition sur les routes des petites francaises, 125, 175, Peugeot Motobec. etc… et rendra par la même, toutes les autres out, vieillottes, hors du temps, obsolètes, caduques, bonnes pour le fond des granges, des poulaillers ou des camionettes avant guerre, elles aussi devenues pas regardables.
Allez savoir pourquoi tous ces engins sont devenus ma passion, pratiquement ma raison de vivre. Ils vont conditionner mon adolescence, mes études, mes premiers métiers. Il faut dire qu’il n’y avait qu’à se baisser pour les ramasser, mème avec très peu de moyens. Nous étions une poignée de ma génération, de ceux qui n’étions pas attirés par les Japs, à avoir compris qu’il était facile de pouvoir toucher à des machines inaccessibles une décennie plus tot, ou de pouvoir mettre nos fesses sur des machines de course par exemple.
La liste qui n’est pas exhaustive, est un régal pour mes oreilles :
Triumph Tigercub, T 100, Bonneville, Trident T 150 Rob North, BSA B31, B33 , A7, A10, Matchless G9, Arielle squar-four, Velocette Thruxton veeline, Norton Atlas, Domiracer, Commando Dunstal, , Sunbeam S7, AJS R10, M18 …
Mais aussi basset BMW RS 54, Tss Bultaco, Saroléa qui est la plus anglaise des Belges, et j’en passe.
Mais quand mème, de toutes, ma passion ira vers les anglaises en priorité.
La légende qui voudrait nous faire croire que toutes les anglaises ( anciennes ) pissaient l’huile, n’est pas forcement complètement fausse, mais il a été assez répété qu’une machine ‘’ behind the channel ‘’ devait ètre préparée, on verra comment dans un autre chapitre. Mais après ca, quel bonheur, et suivant le niveau de préparation, quelle pèche, et quel plaisir pour l’œil. D’ailleur le mythe de l’anglaise qui nous avait harponné à l’époque, fait encore des ravages, si j’en crois l’engouement actuel pour ces mèmes becannes, mais pas aux mèmes prix.
Pour les harleyistes qui n’ont pas connu ca, c’est très simples à comprendre. Nos HD actuelles, par rapport au reste du marché, sont les moins performantes, les moins puissantes, les plus lourdes, les moins innovantes, et de loin les plus chère à l’achat comme à l’entretien, et les pièces détachées n’en parlons mème pas. Mais c’est justement celles la que nous voulons, et surtout pas une autre, et on est baba devant, à ce relever la nuit pour ètres bien certain qu’on a fait la bonne connerie. Tout dans la subjectivité, mais enfin ! nous sommes des libres penseurs, on n’a pas le cerveau tout mou, pourquoi payer moins ce que l’on peut payer plus !!!
Et bien c’etait à peut près le mème état d’esprit sauf que nos anglaises ne coutaient presque rien, mais le plaisir béat était semblable.
Alligner un Thruxton Veeline à coté d’un 750 honda four et lui montrer son cul aprés 500 ms quel grand pied. Je ne me vois pas alligner mon Rocker à cote d’un Hayabusa.
Rouler avec une AJS attelée à un watsonian modèle caravane, il faut mesurer l’impacte sur les esprits !
Débouller en cote avec un vieux Matchless attelé à une 250 Bultaco TSS Reennmaschine…. enfin la Bulto brèllée sur le chassis du side, bref y a pas mieux pour ce faire des potes.
Mais l’image qui résume tout pour moi, celle qui m’attire des larmes aux yeux, qui me dresse les poiles de partout, qui me laisse la machoire pendante dans une ultime extase, mème à l’instant ou j’écris ces lignes, le moment qui résume toute une période de ma vie bien remplie, le concentré du mythe de l’anglaise, le summum du paroxysme, le petit Jésus en culotte courte ou en sucre d’orge, c’est surement de mettre les fesses sur une Vincent bien sur. Mais comme je n’ai pas connu ca, le top du top, c’est en 2 ém ou 3 ém, en partant bien du couple, et plein gas, plutot en montagne pour que ca dure plus longtemps, la musique d’un Trident Rob North qui grimpe crécendo jusqu’à la vitesse suivante. Quand on a connu ca, on s’en souvient toute sa vie, et on peut crever, ca n’a plus d’importance. Cela dit je me suis fait la mème réfléction lorsque j’ai fait l’amour pour la première foi avec 2 petites asiatiques ! Que voulez vous, l’ètre humain est versatile !
A cote de tout ce concentré de passions, ces moments ou le monde n’éxistait qu’a travers les 4 cames, les mégaphones, la Castrol additionnée de ricin pour faire bonne mesure et chatouiller les narines, j’avais mes étoiles stabilisatrices, je veux parler des BMW. Toujours fidèles aux postes, parcourant des centaines de millier de kms sans broncher, pour aller au taf, partire en vacance en famille, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, sauf le TT toujours avec une anglaise. Que de services rendus, j’en ai eu une douzaine et n’ai jamais eu à m’en pleindre.
Brèf 2 styles différents que j’ai fais ce cotoyer pour mon plus grand bonheur.
Barbu.